Photos, livres, aventures.


Au Canada, de nos jours, lorsque l'on se rend sur une réserve amérindienne, c'est bien souvent pour y acheter des cigarettes de contrebande.
À Fredericton, au Nouveau-Brunswick, les Amérindiens Malécites sont installés depuis 1847 sur la réserve St. Marys, et depuis une quinzaine d'années, un certain nombre d'entre eux installent des décorations monumentales pour les fêtes de fin d'année. Attirés par la lumière, les gens des environs viennent donc régulièrement assister au spectacle  la veille de Noël en roulant au pas dans les rues désertes.
Bien entendu, personne ne descend de sa voiture - de peur de qui? de quoi? - ce qui donne à ce défilé un arrière goût de safari assez gênant.



Sept histoires pour occuper le jour



C'est avec fierté que nous annonçons ici la parution récente du nouveau livre de Thierry Horguelin,
La Nuit sans fin (L'Oie de Cravan, Montréal, 2009).

Rappelons au passage que Thierry Horguelin a déjà publié un livre chez le même éditeur (Le Voyageur de la nuit, 2005), qu'il a animé plusieurs revues, tant au Québec (Gnou) qu'en Belgique (Mandrill), en plus de contribuer allègrement au Bathyscaphe et d'animer un blogue des plus subtils (Locus Solus).

Non seulement le livre est bel et bon (ah! Le Trou du souffleur, vous m'en reparlerez quand vous l'aurez visité), mais en plus il se trouve que c'est une de mes photos récentes qui a été retenue pour en faire la couverture, ce qui fait deux bonnes raisons pour l'offrir en cadeau à vos proches pour Noël.


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Le livre est disponible au Québec dans toutes les bonnes librairies, notamment au lumineux Port de tête.
En France, distribution via Le Comptoir des Indépendants.
Et bien entendu, sur le site de l'éditeur.







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Chiens fantômes

"Au mitan de l'hiver
les photos de chiens perdus
hantent les dépanneurs"




Alain Larose,
in Harikots, Montréal, Moult éditions, 2009.






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Long time no see








Long time no see. Mon vélo ayant fort inopinément et très frontalement rencontré une solide berline peu soucieuse des priorités, mon activité s'en trouve assez réduite, et il ne faudra pas m'en vouloir si dans les semaines qui viennent je suis moins alerte; c'est que, avec quelques fractures et une dizaine de kilos de plâtre, on est moins souple.
Voici donc une photo de septembre, que j'avais justement gardé pour des jours sans.










Carnet du sous-sol

 


Variation sur la précédente. Où l'on comprend que pour une fois il ne s'agissait pas d'une ruelle, ni d'une quelconque exploitation minière laissée à l'abandon, mais plus simplement du vide sanitaire qui hante les bas-fonds de mon appartement.
Vide sanitaire, quelque part entre la cave et les fondations, un mot plein de relents putrides et prometteur d'insectes improbables. Je m'étais promis de ne jamais y descendre, mais voilà qu'une nuit, l'eau s'étant mise à couler contre ma fenêtre à l'intérieur de la cuisine, je n'ai pas eu d'autre choix que d'y aller pour fermer les valves qui alimentent l'immeuble.








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La mélancolie de la pelouse































Richard Brautigan, les années passent et je ne m'en lasse pas. C'est un peu comme un ami d'enfance qu'on ne voit plus très souvent mais avec lequel on a vraiment plaisir à discuter un moment, parce qu'il sait des choses sur nous que l'on a plus besoin de lui expliquer. Toujours la même simplicité, parfois un peu naïve, le rire jaune sans malice et surtout cette immense mélancolie qu'il semble toujours porter à bouts de bras comme s'il venait prendre un café à la maison sans oser la poser dans un coin de peur de déranger. C'est pour cette délicatesse là que les livres de Brautigan m'accompagnent partout où je vais.







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Rien ne va plus




Grand jeu des sept erreurs. Cherchez les, et aider moi à choisir parmi ces photos celle que je devrais garder.













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Le fer et sa rouille

Avec ces premiers frimas qui nous glacent le sang, quoi de mieux qu'un grand bol de fer et sa rouille pour se réchauffer. Ça tombe bien, c'est justement le nom de la collection (Le fer et sa rouille), que l'Oie de Cravan vient présenter à la librairie le mercredi 28 octobre.












Après avoir lancé Cahier de neige au début de l'été, l'Oie nous revient de voyage avec deux auteurs de la vieille Europe, le mystérieux Shane Brangan et son Hourra pour Shane, et la non moins étonnante Bérengère Cournut, déjà connue pour son remarquable premier roman L'Écorcobaliseur, récidive avec Nanoushkaïa.

Enfin, le même soir sera lancé le troisième volet de la série En temps et lieux, de Patrice Desbiens.






















Le tout aura lieu à Montréal, à la belle librairie le Port de tête, le mercredi 28 octobre à partir de 18h et jusqu'à épuisement des libraires, en présence de Patrice Desbiens et de Bérengère Cournut.









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Bastille tango









 Bastille tango est sans conteste un des trois meilleurs livres de Jean-François Vilar que j'ai lu jusqu'à présent.
Sur trois.
Les deux autres étant Les éxagérés et C'est toujours les autres qui meurent. Le tout très disponible en poche et hautement recommandé.









Le pied à l'encrier



























À l'attention des parisiens et des promeneurs du mardi, signalons que demain, autant dire tout de suite, le 13 octobre, seront lancés deux livres de la nouvelle collection Le rayon invisible par Les loups sont fâchés:

- Maliduse, recueil de Guy Cabanel, en présence de l'auteur, avec quatre illustrations de Robert Lagarde (500 ex. sur vergé ivoire, et 40 ex sur Arches, signés par l'auteur).




(Guy Cabanel en chapeau)

et
- Le Pied à l'encrier, de Pierre Peuchmaurd (500 ex sur bouffant, et 40 ex sur Arches, augmentés d'un photo prise par moi et tirée sur un beau papier Hahnemuhle, numérotée et signée.

À propos de ce dernier, voilà ce qu'en dit la présentation de l'éditeur:
"Ce recueil inédit regroupe les notes prises par l’auteur pendant quatre ans à la lecture de tel classique, de tel poète, mais aussi des articles de presse, des caquetages médiatiques, du temps qu’il fait et du temps qui passe. Avec une hyper-subjectivité parfaitement à rebours des modes actuelles, il nous enseigne comment parler des livres qu’on a lus."


Pour plus de renseignements, et pour trouver les bons de commande, rendez vous ici.







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Lecture saisonnière

"Quand l'automne est si beau, la nostalgie nous égorge, et nous mourons aux blessures exquises que nous font les derniers beaux jours."


Paul Willems, Le Pays noyé, éditions Fata Morgana, 2005.













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Demi odalisque

Il y a quelques temps de cela, alors que l'été traînait encore ses guêtres dans les parages et que j'usais les miennes dans les éternelles mêmes rues, je mis la main sur une très belle paire de jambes.
De jambes de mannequin qui plus est.

                             






















                              
En plastique certes, mais du meilleur!
Fier de ma trouvaille, c'est au pas de course que je rentrai chez moi, les jambes sous le bras, me faisant au passage une collection de regards jaloux, suspicieux et amusés.




























Dans le genre taré et autres fous de dieu, voici un beau spécimen montréalais.





(Rappel, cliquez sur l'image pour l'agrandir, toujours).




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Boucherie Peuchmaurd







































Voici, pour ceux qui en doutaient encore, la preuve irréfutable et définitive que nous n'avons pas toujours parlé de livres dans cette famille.
Du temps de mes arrières grand-parents, à l'époque heureuse où l'on pouvait encore suspendre son cochon sur le trottoir, le sang coulait à flots à la boucherie Peuchmaurd, sise alors avenue de Saint-Ouen à Paris.












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My Winnipeg




















Vu cette semaine le vrai/faux docu-fiction de Guy Maddin intitulé My Winnipeg, sorte d'autoportrait d'une ville à travers le regard d'un habitant qui veut la fuir, exploration d'un labyrinthe et décryptage des secrets d'une ville battue par les vents, isolée dans les trop vastes plaines du Manitoba. Très au-dessus du lot, l'invention visuelle est constante, le noir et blanc y est sublime. Archi-poétique, drôle, intelligent, triste à mourir, jusqu'à cette scène que l'on croirait tout droit sortie d'un film de Luis Bunuel, où des chevaux fuyant en plein hiver l'incendie de leur écurie, se précipitent dans la rivière gelée qui cède sous leur poids avant de se refermer sur l'expression horrifiée de leur visage.
Assurément une des images les plus saisissantes et les plus fortes que j'ai vu depuis des années, et pour des années.


La bande annonce peut se voir ici.











Suite et fin de la visite de la Casa Gaston.
La cuisine n'a rien perdu de son charme, ni l'évier de son éclat.













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L'île mystérieuse





Tristement abandonnée sur son île, la Casa Gaston continue de faire face bravement au temps qui passe. Secret bien gardé, elle est entourée d'une dense ceinture d'arbres, ce qui la rend presque invisible à celui qui par hasard en ferait le tour en canot.
Mais pour celui qui a la chance d'être guidé, passé cette première barrière, apparaît un court chemin qui aboutit à une maison. Or cette maison, par son environnement et tout ce qu'elle dégage, me fait penser à l'image que j'ai de celle qu' occupait R.-L. Stevenson aux îles Samoa.


















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Casa Gaston




Tranquillement pas vite, l'été finit par s'écouler, un peu plus aventureux que nous osions l'espérer. C'est ainsi qu'au bout d'un chemin perdu dans la forêt, après avoir traversé un lac en canot, nous découvrîmes, émerveillés, la splendide et mystérieuse Casa Gaston, tristement abandonnée sur son île.









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Non, cette étrange bâtisse n'est pas le sauna que je viens de faire construire au fond de ma cour, non plus que l'entrée secrète d'une organisation nuisible, il s'agit - si l'on en croit la plaque près de la porte, d'un collecteur siamois extérieur. Voilà qui explique tout.









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Nocturne un jour





















Exploration du quartier, suite. Aujourd'hui, l'aventure vue depuis la fenêtre, une autre façon de voyager autour de sa chambre.










Joies du camping




















Pour nos trois jours de vacances annuels en commun, la forestière V. et moi n'avions guère le choix de ne pas nous aventurer trop loin. C'est ainsi que l'on finit chaque année par louer la même voiture en essayant de trouver un endroit différent et exotique pour planter notre tente.
Si on ne tient pas compte des inévitables piqûres d'insectes, des orages successifs pris sur la gueule, des souliers ravagés d'avoir trop baigné dans les torrents de boue, et de l'invasion des parcs nationaux par les nourrissons hurlants, et que j'ajoute que j'ai malgré tout passé quelques bons moments, alors ceux qui me considèrent comme un éternel insatisfait devront admettre que je fais des efforts.

Bizzareries de la Belle Époque

Très en vogue au Canada, cette nouvelle discipline sera présentée aux jeux Olympiques de Vancouver en 2010.




On a beau se dire parfois que le monde est devenu fou, rappelons tout de même que ça ne date pas de la semaine dernière.
Un de mes rusés collègues de la librairie m'a mis récemment un livre entre les mains en sachant très bien qu'il ferait mon bonheur pour l'été. Aussitôt acheté, je fendis l'air à travers les rues pour mettre mon trésor à l'abri des regards jaloux.
Il s'agit de Tragédies à la une, La Belle Époque des assassins, de Alain Monestier. Avec humour et application, l'auteur y présente un panorama des couvertures et illustrations des faits divers parus dans les grands journaux populaire du tournant du XXe siècle. À l'époque où le Petit Journal, Le Petit Parisien, L'Intransigeant et L'Illustration font leurs choux gras de suicides cocasses et ingénieux, d'assassinats particulièrement sanglants et de catastrophes toutes rocambolesques.
Un train déraille, tombe d'un pont et s'écrase sur un bateau; au loin, la cloche qui sonne dans une église vient aplatir le bedeau qui l'agitait, tandis qu'une jeune servante décide de se jeter dans la fosse aux ours. On y trouve des accidents liés à la modernité galopante des premières autos et du chemin de fer, les assassins d'enfants y côtoient les maris cocus qui découpent leur femme en morceaux avant de la mettre dans une malle qu'ils expédient au diable vauvert. Et puis, dans le désordre : les éxécutions à la guillotine qui fascinent les foules, l'incendie du Bazar de la Charité, Le Titanic, la bande à Bonnot et les récits fantasques de la gloriole coloniale française d'un pays qui veut encore croire qu'il est un empire. Et tout cela s'entremêle pour notre plaisir sous la plume savante et amusée de Monestier.

Tout est là dans ce beau livre pour nous rappeller la folie de cette époque où se sont entrechoqués le poids des interdits, de la morale et de la censure, et la brutale accélération de la modernisation du monde. Rouletabille, Albert Londres et Fantomas ne sont pas loin, et nous voici, cent ans plus tard, à soupirer une fois de plus de n'avoir pas vécu ça.



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Tragédies à la une, La Belle Époque des assassins, par Alain Monestier, préface de Pierre Bellemare, Paris, éditions Albin Michel, 1995.



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Rumeur indienne



D'après la rumeur, Michael Jackson serait mort, mais qui cela peut-il encore intéresser de nos jours. D'abord, je viens de passer dix jours à déménager, et puis il y a encore bien des poètes à pleurer avant de s'inquiéter du sort des chanteurs.
Le roi de la pop peut bien ne plus être, moi, je suis depuis cette semaine le prince auto proclamé du pinceau et de la perceuse. Ne riez pas! Le ridicule ne fait que commencer puisque dans la foulée je me suis acheté une pelle et des gants de jardinage. Ne manque plus qu'un seau et je pourrai retourner jouer dans le sable.
En tous cas, mon nouveau quartier étant des plus cosmopolites, c'est bien à l'épicerie du coin que j'ai trouvé ce magazine indien, ce qui m'a valu un regard étonné de l'épicier, lequel m'a gentiment prévenu que je risquai de ne pas pouvoir lire ce journal.
Encore une preuve accablante que la culture de masse n'a pas de limites.







Chez Moe Wilenski



Ça n'a pas l'air comme ça, mais j'ai lu quelques bonnes choses récemment.
Seulement voilà, déménagement oblige, je vais plutôt mettre les livres en cartons dans les prochains jours, et m'occuper de faire bouger ces murs de bibliothèques vides.
En attendant d'avoir un peu plus de temps, voici une photo retrouvée en faisant du rangement.





Bathyscaphe #4


Le quatrième numéro du Bathyscaphe est donc enfin lancé, et devrait fleurir dans les jours qui viennent dans les meilleures librairies (1). Les lecteurs désespérés auront donc tout l'été pour le lire par petits bouts sous le parasol, un verre de Pastis dans une main et un tube d'aspirine dans l'autre (2), en essayant de démêler le nouveau casse-tête infernal de Thierry Horguelin.

Au programme cette fois ci : une critique virulente de la médiocrité de la culture en général, et de Charles Dantzig en particulier, par Joël Gayraud, un commentaire sur la vente aux enchères de leur virginité par certaines jeunes filles, par Valerie Webber, un hommage discret à la disparition récente de Pierre Peuchmaurd, une nuit d'horreur dans la jungle mexicaine, par Benoît Chaput, une intervention de la Conspiration Dépressionniste et des textes de A. J. Kinik, Sarah Gilbert, Bérengère Cournut, Thierry Horguelin, Pierre Peuchmaurd, Thurston Moore, Julien Lefort, Romy Ashby, Hannah Reinier, Pierre Rothlisberger, Barthélémy Schwartz, Jean-Yves Bériou, Daniel Canty, Hélène Frédérick, Antoine Peuchmaurd et Byron Coley.
Et des illustrations de Morag Kid, Anne Marbrun, Geneviève Castrée, Simon Bossé, Marie-Laure Missir, José Guadalupe Posada, André Stas, Louis-Philippe Côté, A.J. Kinik et Antoine Peuchmaurd.



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(1) Libraires ou lecteurs, si vous ne savez pas comment vous procurer le Bathyscaphe, écrivez moi à palpitantoine@yahoo.fr
(2) Suggestion de présentation.



Nouvelle frappe du Bathyscaphe



Flibustiers, flibustières,
Corsaires, sirènes, montes en l'air aquatiques, réjouissez vous!

Le Bathyscaphe a survécu à sa longue immersion dans les eaux froides de l'hiver, et vient enfin de retrouver le chemin du port de Montréal. À son bord, des textes collectés contre vents et marées dans les cerveaux tourmentés de nos collaborateurs les plus fins.
Mais aussi des images, du sexe et des jeux!


Venez donc découvrir ce nouvel opus, et fêter avec nous dans la charmante cour de la très éclairée librairie Le Port de tête (262 Mont Royal est), ce jeudi, le 11 juin à partir de 18h30.
Le vin sera rouge et liquide,
les libraires seront malicieux
et le barbecue sera torride!

Par la même occasion, le co-capitaine Benoît Chaput, que décidément rien n'arrête,
lancera du même bord un fracassant recueil de textes de son cru:
Carnet de neiges

Venez nombreux, et n'hésitez pas à emmener vos parents et amis, enfants à charge et animaux de revanche







Gilgames





Au début de l'hiver, un petit livre très joliment présenté nous était offert. Une lente tectonique des plaques nous l'ayant d'abord dissimulé, puis récemment restitué, nous venons de le lire.
Eh bien! Qu'il nous soit permis de dire que cette interprétation de l'épopée de Gilgames est des plus belles. Non pas que nous soyons de fins spécialistes de l'époque sumérienne, mais il apparaît clairement que le verbe est haut, les mots courts et tendus.
Gilgame ne voulait pas mourir, et Anne-Marie Beeckman, avec sa discrétion et sa précision habituelles, nous rappelle justement que rien ne meure tant que l'histoire reste écrite.






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Gilgames, de Anne-Marie Beeckman, éditions Pierre Mainard, 78 p., 12 euros, 2008.





Gaston polisson




Ah! À cette époque on savait vivre, Madame!
Non seulement les éditeurs fréquentaient Pigalle, mais encore allaient ils y montrer leur éditions sur beau papier.
Comment cette invitation a t'elle pu finir soixante dix-neuf ans plus tard dans le bac de recyclage d'une librairie de Montréal, c'est une autre histoire.







Privé, la nuit




Pas bavard ces derniers temps? C'est vrai. Un peu trop conscience parfois de faire parti d'un grand tout qui parle beaucoup pour ne rien dire. Heureusement, des images, silencieuses, continuent d'arriver timidement.












Fuck America



"Même le diable bouffe des mouches."


L'an dernier, les éditions Attila nous avaient régalé du premier livre de Bérengère Cournut, L'Écorcobaliseur. Cette année, fort d'une infrastructure consolidée et d'un programme alléchant, Benoît Virot et Frédéric Martin (lequel a déjà fait ses preuves chez Viviane Hamy) présentent Fuck America (Les aveux de Bronsky), roman écrit en 1979 et traduit pour la première fois en français.
Fuck America est un roman autobiographique dans lequel Jakob Bronsky, le narrateur, raconte comment il débarque à New York en 1952 alors qu'il vient d'obtenir le visa que son père avait demandé en 1939 pour fuir l'Allemagne. S'en suit l'itinéraire d'un immigré juif allemand n'arrivant pas à s'adapter à la vie new-yorkaise, ses déboires d'apprenti écrivain travaillant de nuit dans une caféteria à l'écriture de son autobiographie, etc. Sa vie misérable, les boulots ingrats et sous payés, tous les trucs et astuces pour mettre un peu de ketchup dans les haricots y passent, pour notre plus grand plaisir. Car Hilsenrath/Bronsky ne se complait pas dans ses misères (la pécunière et la sexuelle), il les décrit au vitriol et ne s'épargne pas.
Décrire la déception du rêve américain et contempler en riant plus misérable que soit, voilà deux bonnes raisons pour que ce livre ait du succès en temps de crise. Une autre, assez importante, est qu'il est très bien écrit; l'éditeur annonce un texte teinté de Fante et de Bukowski, et il ne ment pas.
Enfin, comme un bonbon est toujours meilleur dans un bel emballage, la couverture de Henning Wagenbreth est la cerise sur le sunday, ce qui fait qu'en entrant dans une librairie on remarque ce livre en premier et que l'on se dirige immédiatement vers lui.

Si le livre semble d'ores et déjà avoir du succès en France, on espère qu'il en sera de même au Québec, où sa sortie est annoncée pour les premiers jours de juin.



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Fuck America, de Edgar Hilsenrath, éditions Attila, Paris, 2009, 290 p., 19 euros/37,95 $Can.


NB : Pour un avis plus détaillé à propos de Fuck America, on peut lire la critique qu'en fait Jacques Josse ici.







Clinique de poupées





Retour sur un séjour à Paris fin février, avec une courte série de photos à venir d'une merveilleuse vitrine de clinique de poupées.











Interlude




Bien entendu, la partie visible de mon iceberg est restée plutôt immobile ces derniers temps, mais il me faudra bientôt rentrer à Montréal, et alors, alors!
En attendant, dans ces derniers jours tranquilles à Paris, je zigzague, je Kandinsky, je Baratin, je puces de Saint-Ouen, je Ripolin.











Bataille navale



Depuis un an et demi, l'équipage du Bathyscaphe fait ce qu'il peut pour entraîner ses lecteurs le plus loin possible des sentiers battus.
Le Bathyscaphe ne surfe pas sur la vague, il n'est pas dans le vent, d'ailleurs, le Bathyscaphe n'est même pas au courant.
Pour ceux qui ont encore de bons yeux, nous offrons des textes de longueurs variables, et ce dans deux langues qui ont fait leurs preuves.
Pour ceux que la lecture ennuie, nous avons ajouté de belles images.
Enfin, pour ceux qui ne craignent pas les migraines, nos jeux raffinés vous permettront de tester vos connaissances et votre résistance nerveuse.

Encore faut-il, pour cela, que nous trouvions de quoi remplir nos caisses. La vie étant ce qu'elle est ma bonne dame, figurez vous que l'imprimeur nous demande de l'argent pour imprimer, et le facteur en veut lui aussi pour facter.

Heureusement, un poignée d'hommes et de femmes se sont levés et nous ont offert leur aide pour organiser une grande soirée au cours de laquelle vous pourrez boire, danser sur des rythmes fiévreux, abonner tous vos amis et acheter de magnifiques posters de Julie Doucet et de Simon Bossé.

Où? Dans la chic salle aux rideaux rouges de la Sala Rossa, à Montréal.
Quand? Le lundi 13 avril, à partir de 20h.

Au programme musical de cette folle soirée :

Sophie Trudeau

Geneviève Castrée
Phil Elvrum
Urbain Desbois
Jérémi Mourand

et notre invité surprise : Gaston Sanchez et son accordéon magique!

Venez nombreux!









El ultimo lector



"Près de l'avocatier, le bouc bave."
(David Toscana)

Comme nous le disions donc, Zulma fait de belles couvertures, et comme tous les éditeurs, ils ont sorti leur écrivain mexicain du placard pour le salon du livre de Paris.
C'est ainsi que nous découvrîmes, étonnés, El ultimo lector, de David Toscana. L'histoire de ce bibliothécaire solitaire dans un village presque désert du nord du Mexique. Le vieux Lucio passe ses journées à lire ces livres qu'il a reçu du gouvernement, avant de faire le tri entre ceux qui rejoignent les étagères, et ceux qui finissent en enfer, mangés par les cafards.
La sècheresse et la solitude n'arrangent rien au fait qu'il semble avoir du mal à démêler la fiction de la réalité, et lorsque son fils lui apprend qu'il vient de trouver le cadavre d'une fillette au fond de son puits, c'est tout naturellement qu'il va chercher une explication dans les livres.

(...) "mon corps finirait par s'affaiblir, et je mourrais le livre sur la poitrine, et des millions d'années plus tard un homme de science me trouverait gravé dans la pierre à côté des tribolites. Un poisson de la Terre, dirait ce futur scientifique, et en me regardant au microscope, en me frappant avec un burin, il essayerait d'expliquer ma vie : il était carnivore, il marchait à quatre pattes, il s'accouplait une fois par an et il pondait des oeufs, c'était un lecteur, le dernier de son espèce, il a été tué par un changement de température, son membre était petit."



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El ultimo lector, David Toscana, Paris, éditions Zulma 2009.





Et les couleurs








L'emballage, la couverture, l'apparence générale sont, on le sait, d'une importance capitale ; cette fameuse première impression qui doit être la bonne, ce petit plus qui n'est pas donné à tout le monde, on a beau vouloir refuser de jouer à ce jeu là, on ne maîtrise pas ce genre de pulsions.
Par exemple, je ne connaissais ni Pascal Garnier, ni Marcus Malte, ni David Toscana avant de croiser leurs livres sur les tables des nouveautés, et je dois avouer que pour une fois c'est avant tout leur couverture qui m'a attiré, et seulement après la confiance que l'on accorde à un éditeur ou à une collection.
Il faut dire qu'ils ont en commun d'être publiés par Zulma, qui a le bon goût et la chance de faire réaliser ses couvertures par David Pearson, qui avait déjà fait ses preuves chez Penguin.





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Merci à Thierry Horguelin de nous avoir éclairé le coin du pingouin.